Une seconde chance à la paternité

 

Ma fille a 19 ans et a été trois fois en cure de désintoxication. Quand elle avait cinq ans, sa mère est morte et ma fille a été placée en famille d’accueil parce que je n’étais pas assez stable mentalement pour m’occuper d’elle. Elle a ensuite été adoptée par ses parents adoptifs, mais ils ont divorcé. Maintenant, j’ai repris ma vie en main et elle va revenir vivre avec moi. 

 

Comment rétablir la confiance et reconstruire notre relation après toutes ces années ? 

 

La situation est difficile pour vous deux. Mais surtout pour votre fille. Elle a perdu sa maman à un jeune âge et a été ballotée entre différents foyers et familles depuis. Vous ne dites pas quels sont les problèmes de dépendance qui l’ont amenée à se rendre si souvent en cure de désintoxication, mais on peut supposer que cela a un rapport avec sa vie instable. Vous ne mentionnez pas non plus si vous n’avez eu aucun contact tous les deux au cours des 14 dernières années, ou si vous allez construire votre relation père-fille complètement à partir de zéro.

 

En fait, rien de tout cela n’a vraiment d’importance dans un sens ou dans l’autre, car vous avez maintenant tous les deux une chance de prendre un nouveau départ. Mais ne vous attendez pas à ce que votre fille vienne à vous avec une ardoise propre , ou une attitude amicale, d’ailleurs. Elle a des années de cicatrices laissées par tous ces bouleversements et ces années d’instabilité. Et ces blessures vont mettre du temps à guérir. Votre fille se sent probablement blessée, rejetée, mal aimée et en colère – contre vous et contre la société dans son ensemble. Son comportement peut refléter ces émotions contradictoires et déchirantes.

 

Par exemple, vous pouvez constater qu’elle vous en veut de l’avoir abandonnée après la mort de sa maman. Que vous pensiez ou non avoir des raisons valables de ne pas avoir été dans sa vie pendant les 14 dernières années n’est pas pertinent à ce stade. Sa douleur est réelle et elle peut s’en prendre à vous verbalement. Vous pouvez vous attendre à entendre des choses comme « Je te déteste ! » « Tu n’as pas le droit de me dire ce que je dois faire » ou « Où étais-tu pendant toute ma vie ? ». (Pour votre gouverne, vous entendriez probablement certaines de ces choses de la part d’un adolescent de toute façon – même s’il n’avait pas vécu ce que votre fille a vécu.)

 

Donc, si vous pensez que vous allez pouvoir reprendre avec votre fille là où vous vous êtes arrêtés 14 ans plus tôt, vous devrez repenser cette stratégie. Établir des liens de confiance avec n’importe quel adolescent n’est jamais facile, mais dans votre cas, c’est un défi encore plus grand. Soyez très, très patient et compréhensif et, surtout, ne vous attendez pas à des miracles du jour au lendemain. Il faudra du temps, beaucoup d’introspection (de votre part), du pardon (de la sienne) et une communication ouverte (de la part de vous deux) pour que vous puissiez commencer à construire une relation paisible. Une relation basée sur la confiance et le respect mutuels entre deux adultes qui peuvent être liés par le sang mais qui, vraiment et réellement, ne savent presque rien l’un de l’autre.

Par où commencer ? Par chercher de l’aide immédiatement , c’est quelque chose de beaucoup trop important pour que vous essayiez de le gérer tout seul. Si votre fille n’est pas actuellement en thérapie, elle devrait l’être – et vous aussi – individuellement et en tant que famille. Vous avez tous deux beaucoup de choses à régler et vous avez besoin d’un professionnel pour vous guider.

Considérez-vous chanceux. Les vraies secondes chances ne nous arrivent pas très souvent, alors profitez de cette merveilleuse opportunité d’être le père que vous voulez être et que votre fille a besoin que vous soyez.

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